Conférence débat avec Bernard Diederich autour du livre « Le Prix du Sang »

 

couverture livre le prix du sang webLe mercredi 29 Mars, l’écrivain-journaliste Bernard Diederich présentera la nouvelle édition de son ouvrage « Le prix du sang » à la FOKAL, à 5 heures pm. La présentation sera suivie d’un échange avec le public.

Ce livre est une tentative de bâtir une chronique cohérente de l'histoire de la résistance du peuple haïtien à la tyrannie tout au long des quatorze années de la présidence de François Duvalier. Sur la base des recherches et des documents qui lui avaient servi pour son « Papa Doc et les Tontons Macoutes », écrit avec Al Burt et publié en 1968, et des recherches entamées après la chute de Jean-Claude Duvalier, Bernard Diederich entreprend de refaire le même itinéraire, mais, cette fois-ci, du point de vue des acteurs, militants, résistants, victimes.

 « Le prix du sang » a été présenté par l’historienne Gusti Gaillard, professeure à l’Université d’État d’Haïti dans un article du Nouvelliste dont voici quelques extraits : « Ce titre majeur est une version révisée, corrigée et augmentée de la première édition parue en 2005. Fruit d’un travail initié il y a près de huit ans, cette mise à jour a été réalisée avec la collaboration de Nathalie Lamaute-Brisson et François Benoit. Elle mérite d’être saluée et avec force d’autant plus qu’elle s’insère opportunément dans la dynamique récente des activités mémorielles autour de la répression exercée par le régime de Papa Doc et initiées par le Comité de Commémoration du 26 avril 1963 devenu Devoir de Mémoire. Comme le prologue de Jean-Claude Bajeux l’indique, à l’origine, cette publication visait la « rupture du silence ». Aujourd’hui, elle répond à la quête de citoyens, de plus en plus nombreux, d’être informés sur les modalités et l’ampleur de cette répression. Grâce à la refonte opérée, cette nouvelle édition s’inscrit avec éclat dans la récente production d’œuvres diversifiées autour de cette thématique.

L’auteur met à l’index l’étau de la dictature, tout en rendant compte des efforts entrepris par divers secteurs de la population, toutes tendances politiques confondues, pour réduire cet étau, voire s’en libérer. Tout au long des 33 chapitres qui font écho aux pics de répression qui ponctuent la présidence de Duvalier et aux modes d’action utilisés en vue de l’éradication des libertés chèrement acquises par la génération de 1946, Diederich mobilise deux angles d’approche méthodologiques. Le premier prisme relève du propre vécu de l’auteur et de ses enquêtes de journaliste durant les années de plomb 1957-1963, au cours desquelles s’instaure un régime totalitaire et la marche vers sa pérennisation. Toutefois, Diederich ne se limite pas à ses seuls souvenirs. Il a systématiquement recours aux voix des rescapés, à celles des victimes ou de leurs proches, les partisans de Duvalier ou les tortionnaires préférant souvent, pour leur part, éviter ses sollicitations d’interview. Ces sources constituent le socle de la seconde moitié de l’ouvrage couvrant les huit années 1964-1971 qui débouchent sur un événement ubuesque : la présidence à vie est désormais héréditaire.

Diederich confronte ces témoignages aux informations livrées par des acteurs à travers des mémoires autobiographiques publiés. S’ils contribuent à retracer le parcours militant de plusieurs cadres de l’opposition, ces témoignages permettent parfois d’approcher le vécu de la masse des anonymes et des sans-voix. Il donne à voir la situation dans laquelle se trouvait une population désarmée sommée, secteur après secteur, de se soumettre à un projet politique qui ne supporte aucune objection. A cette oppression massive, toutes les formes de refus se sont opposés du début à la fin de ces quatorze années de Malheur. L'entêtement à se battre transfigure les récits marqués de sang et de mort en y imprimant le sceau de l'absolu, le refus de baisser les bras, l'obstination à dire non à l'inacceptable.

La monstruosité des pratiques infligées par le terrorisme d'Etat sous François Duvalier au peuple haïtien est encore largement enfouie dans les mémoires et les tiroirs. Depuis la première édition du « Prix du sang » en 2005 et en particulier depuis le retour de l'ex-dictateur Jean-Claude Duvalier en 2011, une action en justice a été entreprise pour obtenir le procès de Duvalier, des témoignages ont été livrés, des commémorations ont été organisées. Cependant, seule la pointe de l'iceberg affleure. A lire l'hallucinante chronique de Diederich, il faut espérer que certains, victimes ou témoins, parviendront enfin à ouvrir les tiroirs, décadenasser les mémoires. » Au final, « Le Prix du sang » présente, entre autres qualités, un double mérite. La richesse du récit événementiel de Diederich en fait une contribution historique majeure qui ouvre de nouveaux horizons à la connaissance des résistances à la dictature de Duvalier-père. Cet ouvrage est de surcroît un fonds de documentation incommensurable pour les chercheurs intéressés à ce chantier d’études à peine ouvert. »

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Bernard DiederichBernard Diederich, journaliste de profession et écrivain prolifique, se passe de présentation pour les générations des plus de cinquante ans. A l’attention des plus jeunes, signalons qu’il y a plus d’un demi-siècle, Haïti est devenue la patrie d’adoption de ce ressortissant étranger, marié à une fille du pays. Fondateur et directeur de l’hebdomadaire Haïti Sun, il a été expulsé par le gouvernement Duvalier au lendemain de la tuerie du 26 avril 1963. Comme tant d’Haïtiens anti-duvaliéristes ou tombés en disgrâce auprès du tyran, Diederich connaît donc l’exil jusqu’à la chute de la dynastie Duvalier en 1986. Dès cette période et fort de son expérience concrète de la vie politique haïtienne, Diederich s’est attaché à produire de nombreux travaux sur les gouvernements haïtiens de la seconde moitié du XXe siècle, en particulier en ce qui a trait à la politique intérieure. Depuis lors, il n’a de cesse de nous faire partager son regard sur les réalités nationales, y compris sur les lieux chargés de symbolisme comme les cachots de l’innommable centre d’incarcération : Fort Dimanche. 

 

Mercredi 29 mars – 5 h pm

Salle Fokal Unesco – entrée libre

« Le Prix du Sang »

La résistance du peuple haïtien à la tyrannie

Tome 1 : François Duvalier (1957-1971)

une conférence proposée par Bernard Diederich et Nathalie Lamaute-Brisson

 

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