30 ans de FOKAL

MDLP TEXT 212 décembre 2025

Je n’ai pas le cœur à la fête… Peut-on avoir vraiment le cœur à la fête dans la situation actuelle du pays et du monde. Dans d’autres circonstances, nous aurions célébré, toute une semaine, dans notre local de l’avenue Christophe avec les amis, les partenaires, le conseil d’administration, le staff… Il y aurait eu théâtre, danse, musique, tambours, expositions, témoignages… Il y aurait eu rires, il y aurait eu fête.

Mais je n’ai pas non plus le cœur à la nostalgie… Il ne faut revenir en arrière que pour se souvenir, la mémoire vive de trente années d’existence ne s’est pas émoussée.

Trente ans ! Mezanmi, m te jèn fanm wi ! M konn sezi wi, lè m gade foto premye tan FOKAL yo. M konn mande, ou kwè se mwen. Tan pase, tan ale. Men kwak cheve yo vin blan, m wè m toujou enganm. Dwe gen kèk bonzanj k ap veye sou mwen. M di yo mèsi pou sa.

Trente ans dans l’existence d’une institution de la société civile en Haïti, ce n’est pas rien. Il nous a donc semblé important d’en marquer le temps, avant que l’année ne s’achève.

Je ne vais pas revenir sur les moments forts de notre histoire. Tout au long de l’année j’ai écrit des rubriques publiées dans notre newsletter Nouvèl FOKAL, reprenant les contenus des programmes, des activités, des spectacles, des visites de terrain, des voyages, des institutions partenaires d’ici et d’ailleurs… Avec beaucoup d’émotion et sans accès aux archives puisque notre local nous est encore interdit, j’ai revisité des lieux, retrouvé des traces, des visages, de ceux et celles qui sont partis pour des ailleurs plus sécures, et encore, mais aussi celles et ceux qui nous ont quittés pour de bon. Il y a eu aussi les réalisations auxquelles nous tenions, où nous avions tellement investis, pas pour nous-mêmes, pour les autres, pour donner espoir, pour faire la démonstration du possible… lieux aujourd’hui en perdition, notre local, la bibliothèque Monique Calixte, le parc de Martissant, les maisons gingerbread…

Nous sommes réunis ici ce matin pour être ensemble. Je salue votre présence qui nous réconforte, qui nous motive, nous donne l’élan pour continuer aussi longtemps que nous en seront capables. Je vous remercie du fond du cœur, d’être là, avec nous.

Je me réjouis de voir qu’à FOKAL, il y a une relève qui se précise, qui assume, qui produit, qui a fait sienne les valeurs que nous avons toujours prônées, le respect de l’autre, l’honnêteté et l’éthique professionnelle, l’esprit de collaboration et de partage, base de notre culture institutionnelle. En ces temps de déraison et de perte de sens, nous en sommes fières.

A toutes celles, tous ceux à qui je voudrais dire merci, j’ai pris le parti de ne pas citer de noms, la liste serait longue très longue. Le conseil d’administration, le staff, les organisations partenaires, paysannes, femmes, artistes, droits humains, entreprises sociales et solidaires, universités, entrepreneurs, diaspora, services… Un merci spécial à la chorale que vous allez avoir le plaisir d’écouter dans quelques instants. Mais une exception s’impose, le nom de Lorraine qui a construit cette institution avec moi dès juin 1995. Merci pour ton intelligence du pays, de la complexité de son histoire et de sa culture. Pour ta grande culture littéraire, pour ton sens de l’humour. Merci pour nos lectures, nos discussions qui ont éclairé nos chemins et continuent de le faire.

En ces temps de Noël qui approche, une parole poétique pour finir :

Poésie pour la survie

Dans cette attente charbonneuse

Poésie pour ne pas faillir

Ni défaillir

Poésie pour ne pas mourir

Sans retrouver le chemin des étoiles

L’été s’achève

De quelle couleur est la saison nouvelle

Sinon d’espoir

L’été s’achève

Et ma mémoire se souvient !

Je vous remercie.

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Tel : (509) 2813-1694

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