Droits humains et droits des femmes– Histoire et mémoire

En hommage à Aryeh Neier
“Fortunately, FOKAL has attracted remarkably able and dedicated people to its board and staff, starting with its executive director, Michèle Pierre-Louis. Their presence is what bolsters our belief that it is possible for us to make a difference in such troubled circumstances.”
Aryeh Neier President Open Society Institute
Beyond Mountains, The Unfinished business of Haiti, June 2004
 Aryeh Neier a été toute sa vie un infatigable défenseur des droits humains. Directeur de American Civil Liberties Union de 1964 à 1970, co-fondateur de Human Rights Watch en 1978, et Président de Open Society Institute de 1993 à 2012, il est aujourd’hui Président Émérite de Open Society Foundations.
Aryeh Neier a été toute sa vie un infatigable défenseur des droits humains. Directeur de American Civil Liberties Union de 1964 à 1970, co-fondateur de Human Rights Watch en 1978, et Président de Open Society Institute de 1993 à 2012, il est aujourd’hui Président Émérite de Open Society Foundations.
Son intérêt pour Haïti s’est manifesté lors d’une mobilisation d’organisations de droits humains à New York et à Miami contre l’arbitraire du régime de Jean-Claude Duvalier. Aryeh Neier prit fait et cause en faveur des prisonniers politiques haïtiens incarcérés à Fort Dimanche, au moment de l’ouverture créée par la politique des droits humains du Président Jimmy Carter, et des démarches pour leur libération de l’ambassadeur des États-Unis aux Nations Unies, Andrew Young, militant des droits civiques et ami de Martin Luther King Jr. Grâce à leurs interventions, en septembre 1977, un groupe de prisonniers fut libéré et exilé. Après le départ des Duvalier, Aryeh Neier publia un certain nombre d’articles sur l’ère post-dictature et la question des droits humains dans des revues telles que Foreign Policy, The Nation, New York Review of Books, New York Times Magazine.
En 1994, lors du retour à l’ordre constitutionnel en Haïti, Aryeh Neier proposa à George Soros de s’intéresser à Haïti. L’intérêt de ce dernier pour les pays dits « en transition » le porta à accepter. Il existe selon lui dans ces moments-là un espace d’opportunité qu’il faut investir vite pour tenter de changer le cadre juridico-politique et permettre des avancées pour le droit, la justice, et la lutte contre les inégalités. Lors d’une visite prospective en Haïti en janvier 1995, Aryeh Neier m’invita à une rencontre, et à la fin de notre conversation, il me dit avoir pris la décision ce soir-là de me confier la création d’une nouvelle fondation en Haïti. Il m’invita à rencontrer M. Soros à New York le mois suivant, « sans engagement de ma part ». Au terme de cette visite, je fus officiellement désignée pour être la directrice exécutive d’une institution en devenir. La Fondasyon Konesans ak Libète/Fondation Connaissance et Liberté-FOKAL fut créée en juin 1995.
Aryeh Neier s’attendait sans doute à ce que la problématique des droits humains, telle qu’il la concevait, constitue la raison d’être de la fondation. Il ne l’a jamais exprimé mais son engagement dans ce domaine m’avait laissé supposer qu’il aurait souhaité qu’elle se positionne comme un observatoire des violations, susceptible de dénoncer, d’alerter, de rédiger des rapports et éventuellement de faire des démarches auprès des autorités judiciaires pour le traitement légal des cas emblématiques.
 Ce n’était pas mon avis et je l’exprimai clairement. En 1995, au moment de la création de FOKAL plusieurs organisations haïtiennes de défense des droits humains opéraient déjà dans le pays parmi lesquelles, la Plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (POHDH) créée en 1991 ; le Centre Œcuménique des droits de l’Homme (CEDH) créé en 1979 à Santo Domingo puis enregistrée à Puerto Rico pour soutenir les réfugiés haïtiens, finalement installé à Port-au-Prince après le départ des Duvalier ; la Commission Épiscopale Nationale Justice et Paix (JILAP) ; la National Coalition for Haitian Rights (NCHR) qui deviendra en 2005 le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) ; les organisations de promotion et de défense des droits des femmes, Kay Fanm crée en 1984, le Centre de Promotion des Femmes Ouvrières (CPFO) créé en 1985, et Solidarite Fanm Ayisyen (SOFA) fondée en 1986.
Ce n’était pas mon avis et je l’exprimai clairement. En 1995, au moment de la création de FOKAL plusieurs organisations haïtiennes de défense des droits humains opéraient déjà dans le pays parmi lesquelles, la Plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (POHDH) créée en 1991 ; le Centre Œcuménique des droits de l’Homme (CEDH) créé en 1979 à Santo Domingo puis enregistrée à Puerto Rico pour soutenir les réfugiés haïtiens, finalement installé à Port-au-Prince après le départ des Duvalier ; la Commission Épiscopale Nationale Justice et Paix (JILAP) ; la National Coalition for Haitian Rights (NCHR) qui deviendra en 2005 le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) ; les organisations de promotion et de défense des droits des femmes, Kay Fanm crée en 1984, le Centre de Promotion des Femmes Ouvrières (CPFO) créé en 1985, et Solidarite Fanm Ayisyen (SOFA) fondée en 1986.
Pourquoi une nouvelle organisation consacrée aux droits humains en Haïti ? Mon argument était que FOKAL devait soutenir les organisations haïtiennes existantes, non pas en créer une autre. Par ailleurs, il existe d’autres secteurs qui méritent d’être pris en compte tels que l’éducation, la culture et l’art, le développement communautaire particulièrement celui des populations historiquement marginalisées. Cette position fut acceptée. Cependant à toutes les rencontres auxquelles j’étais invitée, Aryeh Neier désignait toujours FOKAL comme une « organisation de développement » et non pas une organisation de droits humains. Ce à quoi je répondais : « tous nos programmes font la promotion des droits humains et des valeurs de respect et de dignité de l’autre dont ils s’inspirent. »
Cela n’empêcha pas Aryeh Neier de manifester tout au long de l’existence de FOKAL un soutien inconditionnel qui se traduisit par des actes de solidarité dans les moments difficiles. Lorsque je l’ai revu à New York en 2021, il ne s’était pas départi de son intérêt pour FOKAL, pour Haïti. Avec sa bienveillance coutumière envers nous, il voulait savoir ce qui se passait, si nous étions en sécurité. Il était en pleine révision d’un livre qui allait être republié, toujours consacré à la défense des droits humains dans un monde dont les récents bouleversements rendaient ce combat de plus en plus difficile, malgré des avancées certaines. Il s’était déjà exprimé sur le sujet dans deux de ses livres qu’il m’avait offerts : Taking Liberties : Four Decades in the Struggle for Rights (2003), et The International Human Rights Mouvement : A History (2012).
J’ai voulu lui rendre hommage dans l’introduction de ce texte qui met en évidence le programme de FOKAL en appui aux organisations de défense des droits humains et des droits des femmes, et tous les événements organisés au fil des années, relevant des thématiques du droit, de la justice, de l’histoire et de la mémoire.
 Le programme de FOKAL
Le programme de FOKAL
L’appui aux organisations de droits humains et des droits des femmes s’inscrit dans notre programme « Société civile ». Au cours des 30 dernières années et aujourd’hui encore, nous avons soutenu celles qui nous semblent les plus importantes par leur implication dans une veille permanente des violations, la publication de rapports réguliers sur la situation générale et sur les cas les plus emblématiques (assassinats, massacres, viols collectifs etc.), l’accompagnement dans les tribunaux, le souci de formation de jeunes cadres pour assurer une relève, et les relations institutionnelles avec les instances du système judiciaire incluant l’Office de la protection du citoyen (OPC).
FOKAL a également soutenu les organisations de promotion et de défense des droits des femmes particulièrement les féministes engagées dans la Concertation nationale contre les violences faites aux femmes, qui ont inlassablement travaillé à la rédaction du Plan National 2017-2027 de lutte contre les violences envers les femmes, et à l’élaboration de la Politique d’égalité Femmes Hommes 2014-2034, en collaboration avec toutes les institutions publiques concernées. Elles ont également organisé à Port-au-Prince, en 2016, la première conférence internationale interdisciplinaire de recherche sur le genre : « De la pratique à la science : renouveler les récits sur les femmes en Haïti ». Les actes ont été publiés en 2018 sous le titre Déjouer le silence, Contre-discours sur les femmes haïtiennes. Les féministes et les organisations de défense des droits des femmes ont toujours pris position publiquement dès lors qu’il s’agit de questions de principe relatives aux droits humains et aux droits des femmes spécifiquement.
 Des collectifs féministes ont bénéficié de subventions pour leurs ateliers de création et des reportages par et sur les droits des femmes à la radio, et commémoré en collaboration avec le programme Bibliothèques les dates emblématiques de leurs luttes.
Des collectifs féministes ont bénéficié de subventions pour leurs ateliers de création et des reportages par et sur les droits des femmes à la radio, et commémoré en collaboration avec le programme Bibliothèques les dates emblématiques de leurs luttes.
FOKAL appuie les efforts et les initiatives de la Société haïtienne d’aide aux aveugles (SHAA). Nous avons également réalisé une étude exploratoire sur les droits des handicapés. La recherche que nous avions lancé sur le thème « Religions et sexualité » n’a pu aboutir à cause de la situation sécuritaire et l’indisponibilité des chercheures.
En 2018, l’association Inisyativ Sante Mantal Ayiti, ISMA, a lancé à FOKAL l’émouvant documentaire de Kendy Verilus « Une voix pour les sans voix », projection qui fut suivie d’un long échange avec le public autour de la dure problématique de la santé mentale en Haiti, des tabous sociaux entourant la maladie mentale, les souffrances des familles et les difficultés d’accès aux soins. Nous saluons ici les courageuses initiatives d’ISMA et sommes fiers de continuer à accompagner leur cheminement.
 Histoire et mémoire
Histoire et mémoire
La question de l’histoire et de la mémoire a toujours fait l’objet de discussion dès les premières rencontres du Conseil d’administration. Notre histoire est mal connue et, la fragilité institutionnelle dans laquelle nous nous trouvons depuis le départ des Duvalier nous a porté à réfléchir sur la mémoire de la dictature. Quelle mémoire en avons-nous ? Qu’en savent les jeunes générations ? Le retour de Jean-Claude Duvalier en janvier 2011 et les questions soulevées par sa présence dans le pays ont été l’occasion de faire du « devoir de mémoire » un thème transversal de nos programmes ayant comme arrière-fond la question des droits, des injustices et de l’impunité.
Trois voies nous ont été proposées par une brillante avocate-juriste Afro-Américaine en visite à Port-au-Prince, Patricia Sellers, qui avait participé au Tribunal pénal international pour le Rwanda à Arusha, en Tanzanie.
D’abord celle de la justice. C’est ce qu’a réalisé le Collectif contre l’impunité, un regroupement de plus d’une vingtaine d’anciens prisonnier.ères politiques qui se sont constitués partie civile et ont porté plainte contre Duvalier et consorts. Ils et elles se rendaient chaque semaine au tribunal pour témoigner de l’arbitraire, des tortures et des injustices subies et plaider pour que l’ancien dictateur soit jugé. Une première, qui a obtenu au fil de séances par moments insupportables tant le climat était houleux, que celui-ci soit inculpé pour crimes contre l’humanité. Que la justice ait peiné à donner une suite aux ordonnances émises est une autre affaire.
Le second volet consistait à revoir toute la documentation relative à cette période, les 29 années du duvaliérisme et même avant, afin de constituer des dossiers basés sur des archives, des actes légaux et des faits afin de créer un corpus sur le sujet qui pourrait être utilisé pour étayer des arguments au tribunal, produire des publications, et éventuellement être mis au service du public. Danièle Magloire, féministe engagée et active au sein du Collectif contre l’impunité a largement contribué à cette recherche. Danièle Magloire est aussi membre du Conseil d’Administration de FOKAL et très impliquée dès le départ dans l’élaboration du cadre conceptuel de la fondation.
 La troisième démarche relevait des initiatives de la société civile et c’est surtout à ce niveau qu’est intervenu FOKAL. Nous avons organisé de nombreuses conférences-débats avec des personnalités telles que Franketienne, Jean-Claude Bajeux, Claude Rosier, Susie Castor, Nicole Magloire, Bernard Diederich, Denise Prophète, Bobby Duval, Danièle Magloire, Magali Comeau Denis, Alix Fils-Aimé pour ne citer que quelques noms. Des expositions donnaient simultanément des informations biographiques sur les conférencier.es dont certain.es étaient d’anciens prisonniers politiques, et des indications sur les événements qui ont marqué la période. Nous avons aussi créé des espaces de rencontres avec les jeunes qui voulaient mieux comprendre le passé, alors que nous vivions encore dans l’instabilité et l’insécurité politiques. Il fallait déconstruire les amalgames, les raccourcis d’histoire et exposer les filiations.
La troisième démarche relevait des initiatives de la société civile et c’est surtout à ce niveau qu’est intervenu FOKAL. Nous avons organisé de nombreuses conférences-débats avec des personnalités telles que Franketienne, Jean-Claude Bajeux, Claude Rosier, Susie Castor, Nicole Magloire, Bernard Diederich, Denise Prophète, Bobby Duval, Danièle Magloire, Magali Comeau Denis, Alix Fils-Aimé pour ne citer que quelques noms. Des expositions donnaient simultanément des informations biographiques sur les conférencier.es dont certain.es étaient d’anciens prisonniers politiques, et des indications sur les événements qui ont marqué la période. Nous avons aussi créé des espaces de rencontres avec les jeunes qui voulaient mieux comprendre le passé, alors que nous vivions encore dans l’instabilité et l’insécurité politiques. Il fallait déconstruire les amalgames, les raccourcis d’histoire et exposer les filiations.
 L’autre volet de notre engagement concernait le « soutien à la création ». Les jeunes slameurs du Collectif Hors Jeu ont créé un événement avec leur spectacle « Trous de mémoire » qui a été présenté à plusieurs reprises à FOKAL. De même, la pièce de théâtre « L’éternité de Madame R », mise en scène par Michèle Lemoine et jouée par Magali Comeau Denis, Joséphine Denis et Sachernka Anacassis racontait la destruction d’une famille sous la dictature, par pure jalousie de ses sbires.
L’autre volet de notre engagement concernait le « soutien à la création ». Les jeunes slameurs du Collectif Hors Jeu ont créé un événement avec leur spectacle « Trous de mémoire » qui a été présenté à plusieurs reprises à FOKAL. De même, la pièce de théâtre « L’éternité de Madame R », mise en scène par Michèle Lemoine et jouée par Magali Comeau Denis, Joséphine Denis et Sachernka Anacassis racontait la destruction d’une famille sous la dictature, par pure jalousie de ses sbires.
Ces événements culturels ont donné lieu à un foisonnement d’initiatives sur les mêmes thématiques. Il n’est pas superflu d’en citer quelques unes :

 En 2014, FOKAL a organisé un colloque international sur la dictature à Port-au-Prince, en collaboration avec l’École Normale Supérieure, qui a réuni des professeurs, des étudiant.es, et des experts de nombreux pays. Les Actes ont été publiés par la suite en 2016 sous le titre De la dictature à la démocratie? Cette même année fut l’occasion pour nous de répondre à une invitation de collègues de l’Argentine pour voir comment la question mémorielle de la dictature a été traitée chez eux dans les universités, les écoles et les communautés. Outre la direction de FOKAL, notre délégation comprenait la Directrice de l’OPC, un représentant de l’Université d’État d’Haïti, une cinéaste haïtienne pour documenter notre parcours, et des professeurs de Paris 8 qui avaient participé au colloque. En 2016, la rencontre des mémoires Haïti-Argentine s’est poursuivie à Port-au-Prince où nous avons accueilli à FOKAL une délégation d’Argentine qui continuait de travailler sur les questions mémorielles relatives à la dictature. Enfin, la cinéaste haïtienne Patricia Benoit fut présente pour un débat lors de la projection de son film Wòch nan solèy, une fiction traitant de la complexité des resurgences de la mémoire des traumatismes partant de la période Duvalier jusqu’aux brutalités des régimes militaires qui ont suivi.
En 2014, FOKAL a organisé un colloque international sur la dictature à Port-au-Prince, en collaboration avec l’École Normale Supérieure, qui a réuni des professeurs, des étudiant.es, et des experts de nombreux pays. Les Actes ont été publiés par la suite en 2016 sous le titre De la dictature à la démocratie? Cette même année fut l’occasion pour nous de répondre à une invitation de collègues de l’Argentine pour voir comment la question mémorielle de la dictature a été traitée chez eux dans les universités, les écoles et les communautés. Outre la direction de FOKAL, notre délégation comprenait la Directrice de l’OPC, un représentant de l’Université d’État d’Haïti, une cinéaste haïtienne pour documenter notre parcours, et des professeurs de Paris 8 qui avaient participé au colloque. En 2016, la rencontre des mémoires Haïti-Argentine s’est poursuivie à Port-au-Prince où nous avons accueilli à FOKAL une délégation d’Argentine qui continuait de travailler sur les questions mémorielles relatives à la dictature. Enfin, la cinéaste haïtienne Patricia Benoit fut présente pour un débat lors de la projection de son film Wòch nan solèy, une fiction traitant de la complexité des resurgences de la mémoire des traumatismes partant de la période Duvalier jusqu’aux brutalités des régimes militaires qui ont suivi.
- Déjà quelques années auparavant, l’École Normale Supérieure avait invité Madame Monique Chemillier-Gendreau, juriste française et professeure émerite de droit public et de sciences politiques à l’université Paris-Diderot à prononcer une conférence en 2005 sur les droits humains et la justice internationale. Le cas du Rwanda a été pris en exemple, Monique Chemillier-Gendreau ayant plaidé devant la Cour Internationale de justice de l’ONU à La Haye.
Par la suite la cinéaste Anne Aghion a été invitée à FOKAL pour présenter les trois films qu’elle a réalisés au Rwanda après le génocide sur les efforts et les difficultés de refaire monde et sur les gacaca (gachacha), les tribunaux populaires mis en place pour juger les génocidaires dans les villages. Le cinéaste haïtien Raoul Peck a également projeté à FOKAL son très beau film sur le génocide du Rwanda Sometimes in April, en présence de son scénariste, suivi d’un débat.
 Le projet Littafcar, 2014-2017, (Littérature Afrique Caraïbe) dont l’objectif était de créer un réseau de centres culturels dans le but de promouvoir la diversité culturelle à travers une meilleure connaissance des littératures d’Afrique et des Caraïbes en langue française a réuni à Bruxelles, Coopération Education Culture (CEC), Artistik Bénin à Cotonou, FOKAL à Port-au-Prince et ISHYO à Kigali. Ce fut aussi l’occasion d’exposer des textes et des photos sur le Rwanda et l’importance du devoir de mémoire.
Le projet Littafcar, 2014-2017, (Littérature Afrique Caraïbe) dont l’objectif était de créer un réseau de centres culturels dans le but de promouvoir la diversité culturelle à travers une meilleure connaissance des littératures d’Afrique et des Caraïbes en langue française a réuni à Bruxelles, Coopération Education Culture (CEC), Artistik Bénin à Cotonou, FOKAL à Port-au-Prince et ISHYO à Kigali. Ce fut aussi l’occasion d’exposer des textes et des photos sur le Rwanda et l’importance du devoir de mémoire.
 Le programme Bibliothèques et la Bibliothèque Monique Calixte ont joué leur part en organisant en 2015 une exposition sur le thème « Mémoire et Histoire » avec à l’appui des documents, livres, photos expliquant les faits historiques de la dictature. La Fondaiton Devoir de mémoire y a collaboré. Des séances de lecture ainsi qu'une activité axée sur la recherche documentaire furent également réalisées avec les jeunes. Le programme Bibliothèques et la Bibliothèque Monique Calixte ont joué leur part en organisant en 2015 une exposition sur le thème « Mémoire et Histoire » avec à l’appui des documents, livres, photos expliquant les faits historiques de la dictature. La Fondaiton Devoir de mémoire y a collaboré. Des séances de lecture ainsi qu'une activité axée sur la recherche documentaire furent également réalisées avec les jeunes.
- En 2018, à FOKAL, une nouvelle exposition sur le thème “Dictature et résistance” a retracé en textes et images d’archives, les faits saillants des régimes Duvalier, père et fils, en mettant l’emphase sur les espaces de résistance, les femmes, les syndicats, les professeurs et les étudiants, etc.
 En 2018, six comédien.nes ont reçu une subvention pour la réalisation d’une tournée de théâtre-forum sur la mémoire de la dictature duvaliériste sur le thème : « Trente-deux ans après ». Les représentations en créole, ont eu lieu à Port-au-Prince, Jacmel, Gonaïves et Jérémie. Plus de 1500 jeunes y ont assisté, dans des écoles, des universités, des bibliothèques et des centres culturels. Les sketchs mettaient en scène plusieurs caractéristiques de la dictature, telles que : l’arbitraire et la terreur du pouvoir absolu, l’écrasement de l’opposition et la déshumanisation de l’individu, la corruption de la justice, le blâme de la victime, la délation, la violence, l’absence de libertés, etc. La tournée a été filmée, et la vidéo sert d’outil de sensibilisation sur le devoir de mémoire et l’action citoyenne. En 2018, six comédien.nes ont reçu une subvention pour la réalisation d’une tournée de théâtre-forum sur la mémoire de la dictature duvaliériste sur le thème : « Trente-deux ans après ». Les représentations en créole, ont eu lieu à Port-au-Prince, Jacmel, Gonaïves et Jérémie. Plus de 1500 jeunes y ont assisté, dans des écoles, des universités, des bibliothèques et des centres culturels. Les sketchs mettaient en scène plusieurs caractéristiques de la dictature, telles que : l’arbitraire et la terreur du pouvoir absolu, l’écrasement de l’opposition et la déshumanisation de l’individu, la corruption de la justice, le blâme de la victime, la délation, la violence, l’absence de libertés, etc. La tournée a été filmée, et la vidéo sert d’outil de sensibilisation sur le devoir de mémoire et l’action citoyenne.
Le programme Media de FOKAL s’est aussi saisi de ce thème en proposant des reportages sous le titre Verite Sou Tanbou, encadrés par la coordonatrice Maude Malengrez et la journaliste consultante Jane Reagan. Les rencontres hebdomadaires Mardi.doc ont souvent privilégié des films qui portaient sur la dictature et ses effets. Ce programme a également soutenu la création de reportages photos et de films documentaires sur la question dont celui d’Arnold Antonin, Le règne de l’impunité co-financé par le programme Société civile.
 Sous l’égide du programme Media, en 2019 eut lieu à la maison Dufort l’exposition « Kazal, mémoires d’un massacre sous Duvalier, une approche photographique » réalisée par le Kolektif K2D. Cette exposition, fruit de trois ans de travail de documentation et de terrain par 6 photographes haïtiens du collectif a été l’occasion d’organiser plusieurs ateliers et masterclass animés par le photographe italien Nicola Lo Calzo. A l’occasion de cet événement commémorant le cinquantenaire du massacre par des commandos sous ordre de Duvalier dans le village de Kazal, un livret expliquant le travail des photographes a été publié et distribué aux nombreux visiteurs de l’exposition.
Sous l’égide du programme Media, en 2019 eut lieu à la maison Dufort l’exposition « Kazal, mémoires d’un massacre sous Duvalier, une approche photographique » réalisée par le Kolektif K2D. Cette exposition, fruit de trois ans de travail de documentation et de terrain par 6 photographes haïtiens du collectif a été l’occasion d’organiser plusieurs ateliers et masterclass animés par le photographe italien Nicola Lo Calzo. A l’occasion de cet événement commémorant le cinquantenaire du massacre par des commandos sous ordre de Duvalier dans le village de Kazal, un livret expliquant le travail des photographes a été publié et distribué aux nombreux visiteurs de l’exposition.
Ce fut aussi l’occasion pour FOKAL de soutenir le projet d’un film documentaire, Simitye Kamoken présenté par Rachèle Magloire, Feguenson Hermogène et Anne Fuller. Il s’agissait pour les porteur.es du projet de se lancer sur les rares traces d’un massacre perpetré par Duvalier à Grand Gosier, dans le Sud-est en 1964. Grace à des archives - certaines correspondances des Forces Armées avec leur chef suprême François Duvalier, celles des Kamoken (les opposants à Duvalier), les archives du journaliste Bernard Diederich, les archives d’informations et de correspondances politiques de l’époque -, et à un travail d’identification et de recueil de témoignages, le film vise à faire acte de mémoire sur l’une des plus massives vagues de répression de la dictature Duvaliériste dans cette région du pays. La première du film a eu lieu à FOKAL en 2023.
 Le programme Media a obtenu la participation de trois cinéastes, Anne Aghion, Patricia Benoit et Rachèle Magloire, pour des formations à l’intention des jeunes intéressés à la production de films documentaires.
Le programme Media a obtenu la participation de trois cinéastes, Anne Aghion, Patricia Benoit et Rachèle Magloire, pour des formations à l’intention des jeunes intéressés à la production de films documentaires.
 L’année 2022 marquait le cinquantenaire de l’arrivée sur les côtes floridiennes du premier bateau de « boat people » haïtiens. On connaît le traitement qui leur fut réservé, et cela n’a pas changé avec le temps. FOKAL a tenu à commémorer le souvenir de ces tragédies qui durent encore, en collaboration avec Sant La, Haitian Neighborhood Center à Miami qui s’est beaucoup investi dans la cause des réfugiés, mais aussi des communatés d’Haïtiens et d’Haïtiennes qui se sont installées en Floride. Le programme Media a organisé plusieurs conférences virtuelles en invitant des personnalités d’ici et de là-bas. Lorraine et moi y avons participé en compagnie de Edwidge Danticat, Gepsie Metellus (directrice exécutive de Sant La), Professor Jasmine Narcisse, Guerline Jozef, fondatrice et directrice de Haiti Bridge Alliance.
L’année 2022 marquait le cinquantenaire de l’arrivée sur les côtes floridiennes du premier bateau de « boat people » haïtiens. On connaît le traitement qui leur fut réservé, et cela n’a pas changé avec le temps. FOKAL a tenu à commémorer le souvenir de ces tragédies qui durent encore, en collaboration avec Sant La, Haitian Neighborhood Center à Miami qui s’est beaucoup investi dans la cause des réfugiés, mais aussi des communatés d’Haïtiens et d’Haïtiennes qui se sont installées en Floride. Le programme Media a organisé plusieurs conférences virtuelles en invitant des personnalités d’ici et de là-bas. Lorraine et moi y avons participé en compagnie de Edwidge Danticat, Gepsie Metellus (directrice exécutive de Sant La), Professor Jasmine Narcisse, Guerline Jozef, fondatrice et directrice de Haiti Bridge Alliance.
 L'ensemble de ces activités d’accompagnement de la société civile a suscité beaucoup d’intérêt et d’enthousiasme de la part du public et des médias. Avocats Sans Frontières Canada (ASFC) s’y est intéressé et a accepté de financer un programme d’éducation citoyenne sur la sensibilisation aux droits humains, grâce à l’appui de Affaires Mondiales Canada (2017-2023).
L'ensemble de ces activités d’accompagnement de la société civile a suscité beaucoup d’intérêt et d’enthousiasme de la part du public et des médias. Avocats Sans Frontières Canada (ASFC) s’y est intéressé et a accepté de financer un programme d’éducation citoyenne sur la sensibilisation aux droits humains, grâce à l’appui de Affaires Mondiales Canada (2017-2023).
Pour conclure, l’exercice de passer en revue les différents programmes dans la multiplicité de leurs réalisations et la fidélité aux valeurs qui en justifie les choix, c’est aussi une manière de montrer l’engagement de FOKAL et de son staff vis-à-vis de ses partenaires, du public et du pays. Je tiens à saluer et à remercier toutes celles, tous ceux qui en portent le souffle, la Directrice exécutive, Lorraine, la Directrice des programmes, Elizabeth, les différents responsables de programmes, Michèle, Maude, Thierry, Yvens, Mike, Ricardo, Gary, Jonathan, Johanne, Farah ; l’administration, Edmonde, Sacha, Myriam, Pierre-Richard, James, Romuald… Les informaticiens, Jacques Wood, David, Rebeca… Ceux qui sont partis mais ont joué leur rôle, Erick, Patrick, Fausler, Leslie, Rodelyne…
En dépit des contraintes budgétaires actuelles et de la situation d’insécurité et de destruction produite par les gangs armés, FOKAL continuera, dans les limites du possible, de soutenir les organisations partenaires de la société civile qui continuent de défendre les droits et de croire encore dans le combat pour la justice et la liberté.
Michèle Duvivier Pierre-Louis, Présidente, Octobre 2025
 
				
 
										