LE BRUIT DES HOMMES QUI CHUTENT
THEÂTRE
spectacle live
MERCREDI 20 NOVEMBRE 2024 – 6 H PM
DIFFUSION SUR LES RÉSEAUX DE FOKAL ET SES PAGES PARTENAIRES
un spectacle écrit et mis en scène par
Février Gertrude-Hugh
interprétation Kav-Alye Pierre
composition et arrangement Kerby Jimmy Toussaint
produit par la FOKAL
avec le soutien de l’Institut Français en Haïti
en partenariat avec
Opaque-voisin Lab
Collectif des Auteurs.rices Dramatiques Haitiens.nes
Les émissions Arts et culture de FOKAL présentent « Le Bruit des hommes qui chutent », un spectacle de théâtre qui sera diffusé sur nos réseaux le mercredi 20 novembre 2024, à 6h du soir.
Le Bruit des hommes qui chutent est une pièce de théâtre qui tente de retracer, depuis le lieu de l'intime, une des tueries les plus sanglantes perpétrées en Haïti en novembre 2018. Construite comme un long chant triste et violent, elle porte la parole d’un père qui cherche son fils. Ou du moins qui tente d’offrir une sépulture à son fils tué pendant le massacre, alors qu’il sortait de l’école.
Le Bruit des hommes qui chutent est un monologue, ponctué par des dialogues avec des interlocuteurs absents, fictifs, mais si présents que toute la narration est construite autour de ces personnages absents. Le fils. Les voisins, violés, tués, brûlés, les ombres au pouvoir, les soleils blessés, tués. Le texte aborde de façon cruelle mais lucide le niveau de violence extrême qui règne désormais dans le pays, tout particulièrement dans les quartiers dits pauvres. Cette écriture, très proche du théâtre documentaire du dramaturge et metteur en scène belge Milo Rau, questionne la responsabilité de l'État et le mécanisme de violence structurelle propre au pouvoir en place dans les massacres perpétrés ici ces dernières années.
Tout en étant très intimiste, l’écriture du Bruit des hommes qui chutent, s’inspirant des rapports écrits par les organismes de Droits humains entre 2018 et 2023, donne au spectacle une allure de procès. Le personnage qui porte ce long chant de douleur est un père qui a traversé les années et toutes les morts possibles pour venir faire le procès des ombres. Ce procès, il sait d’avance qu’il va le perdre et il l’accepte. Il accepte la fatalité qui est le lot quotidien d’une classe sociale définie dans ce pays. Il sait que ce sont les victimes qui seront déclarées coupables dans cette anthropologie de la violence.
Dans ce procès perdu d’avance, l’important pour lui est de reprendre le corps de son fils aux griffes de l’oubli des ombres. Geste symbolique, puisque ce corps a été brûlé sur le bitume le jour du massacre : seuls restent trois doigts, qu’il a conservés. C’est en reprenant le corps de ce fils aux ombres qu’il arrivera à précipiter la chute des ombres.
Le bruit des hommes qui chutent mêle amour sincère, sensibilité et violence pour proposer la symphonie tragique d’un peuple condamné à souffrir et à disparaître à cause de la cruauté des hommes au pouvoir. Ce père sans nom porte dans sa gorge la voix des millions d’autres disparus, et sur sa peau, la cartographie des milliers de rêves assassinés.
Le Bruit des hommes qui chutent est une pièce tragique, lucide, sensible et tranchante. Telle un couteau, elle fend le ciel en deux pour exposer la vérité sur la chute des soleils dans ce pays où les ombres sont seuls maîtres et seigneurs. Par-dessus tout, elle est le poème triste d’un père qui n’a pas eu le temps de dire « Je t’aime » à son fils partant pour l’école. Le poème triste d’un père qui regarde son fils brûler, puis mourir dans les flammes.
Avec lui, sur scène, un guitariste accompagne le corps et la voix de l’interprète, faisant du spectacle un opéra parlé baroque où la violence règne et dont la seule issue encore possible est la chute. Cette chute se matérialise par le suicide symbolique du personnage à la fin de la pièce. Par là, il brisera le cycle de la violence des ombres.
Février Gertrude-Hugh est performeur, metteur en scène, poète et dramaturge. Né à Port-au-Prince, en Haïti, en 1996, il a étudié les Lettres-Modernes à l'ENS au sein de l'Université d'État d'Haïti et a fait un Master I en Littérature et transculturalité à l'ENS. Actuellement, il fait un Master en Arts de la scène à l’Université d’Aix-Marseille. Membre d'un collectif de performance La Compagnie Hors-Temps, il a créé plusieurs performances : Partance I et X ; Kalashnikov (Festival Quatre Chemin, 2019 et 2020) ; Zéro Degré V (Festival Quatre Chemin, 2020). Il a mis en scène Dechouke lanfè sou latè, une performance autour de la réalité carcérale du pays, coproduit par le Festival Quatre chemin et la Cie Hors-Temps, (Festival Quatre Chemins, 2021, 2022 et 2023). En Mars 2022, il a présenté Tombeau Rouge, une adaptation en performance du Monologue de la chair aimée et de celui du couteau de Jean D’Amérique, sur la page de l’Institut Français en Haïti. Il a mis en scène Boyin 7.6.7 de Kav-Alye Pierre en juin 2022.
Il est membre du Collectif des Auteures.trices Dramatiques Haïtiens.nes et du collectif Acacia Bleu. Il co-dirige avec Kav-Alye Pierre Opaque-Voisin Lab, un laboratoire de recherche artistique sur la performance/l'installation et la scénographie.
Poète, dramaturge, performeur et artiste conceptuel, Kav-Alye Pierre est né à Port-au- Prince où il vit actuellement. Il a étudié l’Anthropo-Sociologie à la Faculté d'Ethnologie de l’Université d’État d’Haïti et fait parallèlement des études sur la migration et la diversité sexuelle. Il a suivi des formations au théâtre national d’Haïti et a participé à plusieurs formations sur la danse contemporaine et la performance avec Wendy Jlehen, Marcel MbG, Kettly Noël. Il aussi participé à des ateliers sous la direction des artistes et metteurs en scène comme Daphné Ménard, Lesly Maxi et Staloff Tropfort.
En 2023, il est lauréat du Prince Claus Seed Award et est sélectionné pour le Festival des Histoires non racontées de l’Association AntiCanon dans le cadre du projet binational “Kiskey’Art”en République Dominicaine.
Il fait partie de la Compagnie Hors-Temps, du Collectif Acacia Bleu et du Collectif d’auteurs dramatiques haïtiens. Il co-dirige Opaque-Voisin Lab, un laboratoire de recherche artistique sur la performance et l’installation et la scénographie.
Il a été interprète dans de plusieurs créations, entre autre Plaie (Festival 4 Chemins, 2019) Souf I (IFH, 2021), Dechouke Lanfè Sou Latè (Festival Quatre Chemins, 2021,2022,2023).
En Juin 2022 il a participé à l’incubateur des Arts Visuels de la Fondation AfricAmerica sous la direction de Maksaens Denis. Il a créé des performances comme Street I, Po Pis Tach et 000.
Kerby Jimmy Toussaint est un musicien, compositeur et massothérapeute né à Port-au-Prince en 1990. Dès son plus jeune âge, sa passion pour la musique, plus particulièrement la guitare, le conduit à l’ENARTS (École nationale des arts) après ses études classiques, où il obtient une license en musique et Arts de la scène. Depuis il essaie de participer à l’émancipation de la musique traditionnelle haïtienne, à travers de multiples collaborations avec des artistes comme Lòlò et Dadi Beaubrun du groupe Boukman Eksperyans, Erol Josué, BIC, etc. Il est aussi directeur musical sur les albums Liminasyon (Vodou et droits Humains) de la compagnie Bazou et Travèse du groupe Nanm, dont il est le cofondateur. Guitariste de Koral Fokal, la chorale de la fondation Connaissance et Liberté, Kerby ne rate jamais une occasion de jouer ou d’apporter son savoir musical sur des projets à caractère culturel basé sur le patrimoine haïtien et sur des projets sociaux.