Pétition contre l’intolérance

 
Nous relayons sur notre site la pétition lancée sur change.org « Contre l’Intolérance » et signée par différentes personnalités et institutions à travers le monde, du milieu des droits humains notamment.

La pétition initiale peut être visitée en suivant ce lien.

Prise de position

Pour avoir accepté d’accueillir une activité (projection de documentaire, conférence-débat) organisée par l’association Kouraj, qui lutte contre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, la Fondation connaissance et liberté (FOKAL) a été indexée comme faisant la «promotion de l’homosexualité» et, en représailles, a subi de graves attaques (injures ordurières, menaces de mort et d’incendie du local, appels à violenter l’équipe) qui l’ont portée à annuler la tenue de l’activité dans ses locaux. L’obligation de protéger son personnel et le public fréquentant l’institution s’imposait. Cela surtout en raison, d’une part, des violences auxquelles peuvent s’adonner, en toute impunité, les individus qui s’arrogent le droit de terroriser lorsqu’on ne partage pas leurs idées, lorsqu’on entend débattre sans tabou de n’importe quel fait de société; et d’autre part, compte tenu de la velléité qu’ont certaines autorités de bâillonner l’exercice de la liberté d’association, d’opinion et d’expression si chèrement acquise.

L’existence d’un espace comme FOKAL, dédié à la réflexion, au dialogue et au débat, est un atout pour la construction de la démocratie en Haïti. Le combat de l’association Kouraj, pour la reconnaissance et la protection des droits d’une catégorie de citoyens et citoyennes, s’inscrit dans une perspective de droits humains.

Le déferlement de propos malveillants, haineux et homophobes observé est une manifestation de l’intolérance et de l’obscurantisme qui gangrènent sournoisement le tissu social haïtien. On voudrait faire croire que cela répond à un souci de protéger la société, alors qu’il s’agit en réalité de saper les libertés fondamentales (liberté d’opinion, d’expression, d’association), d’imposer par la terreur une vision unique, de stigmatiser et diaboliser les différences, d’exclure et surtout d’entretenir un amalgame entre homosexualité et pédophilie, pour insinuer que tout individu homosexuel serait, par nature, un prédateur sexuel. Ce courant rétrograde s’est déjà signalé en s’opposant à la reconnaissance de l’égalité des droits de tous les enfants quelle que soit leur condition de naissance, sous prétexte d’éviter l’éclatement des familles, alors même que la monoparentalité féminine est légion dans le pays et que la grande majorité des unions sont conclues sur le mode consensuel et non le mariage. Ce courant est encore à l’œuvre, pour tenter de contrer les démarches de plaidoyer visant à la dépénalisation de l’avortement qui, en étant la troisième cause de mortalité maternelle en Haïti, constitue un très sérieux problème de santé publique.

La société haïtienne a grandement besoin d’être protégée contre les véritables dangers qui la menacent et qui ont entre autre pour noms: l’abandon des populations à la pauvreté déshumanisante ou à la précarité grandissante; l’ignorance et ses multiples méfaits; la démographie incontrôlée; l’insécurité multiforme notamment en matière juridique; les viols, incestes et actes pédophiles frappant particulièrement les fillettes et adolescentes; l’actuel exode des jeunes des deux sexes; les crises politiques continuelles et leurs incidences néfastes sur le devenir national; la corruption et les jeux d’intérêt pour accaparer le pouvoir; l’intégrisme qui pollue le paysage social et cible particulièrement les droits des femmes et la religion vodou.

Face aux propos de certains responsables étatiques s’attaquant aux libertés fondamentales, il importe de rappeler que les droits humains sont indivisibles, inaliénables et imprescriptibles, comme le proclame la constitution haïtienne dont la Déclaration universelle des droits humains fait partie intégrante. Débattre est un exercice salutaire pour le vivre ensemble et la démocratie. La violence est le retranchement des individus en mal d’argumentation et qui ne comprennent pas que la préservation des droits et libertés est bénéfique pour la société tout entière.

Port-au-Prince, le 27 septembre 2016

Pour authentification : Danièle Magloire, féministe, défenseure des droits humains

Pour la version en créole, cliquer ici. 

Pour la version en anglais, cliquer ici. 

Pour accéder à la pétition en ligne, cliquer ici. 

Pour la liste des 1785 organisations et personnalités signataires de cette prise de position (au 3 novembre), cliquer ici.

Adresse et contact

FOKAL - OPEN SOCIETY FOUNDATION HAITI
143, Avenue Christophe BP 2720 HT 6112
Port-au-Prince,Haïti | Tel : (509) 2813-1694

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