Spectacle : « Coco » de Bernard-Marie Koltès

CocoLe vendredi 1er et le samedi 2 juillet, dans le salon de lecture de FOKAL, le festival « En lisant » propose trois représentations de « Coco » de  Bernard-Marie Koltès, une mise en scène de Eliezer Guérisméavec Sachernka Anacassis, Staloff Tropfort et Pascale Julio. La première représentation se fait vendredi à 7h30, et les deux autres le lendemain à 6h 30 pm et 7h 30 pm.

La dernière pièce de Bernard-Marie Koltès met en scène un couple : Coco, grande dame de la haute couture et de la mode et sa domestique Consuelo. Terrassée par un mal inconnu, Coco agonise… Néanmoins elle trouve la force de désapprouver le comportement de Consuelo sur ce qui est du bon goût et de l’esthétique. Pour une fois Consuelo se rebelle et ne voit pas l’intérêt d’obéir à une maîtresse qui s’en va. Dès lors que l’autorité moribonde est remise en question, sur fond d’insoumission et de domination, un dialogue humain s’engage entre les deux protagonistes…

Consuelo, cessez donc de vous mettre et remettre du rouge à lèvres; après chaque déglutition, après chaque soupir, vous remettez une couche de cette affreuse peinture. Consuelo, votre rouge à lèvres me dégoûte.

CONSUELO. - Pourquoi, Madame Coco, pourquoi vous dégoûte-t-il ?

COCO. - Le rouge à lèvres est une invention horrible, indécente, obscène. Trouvez-vous cela joli ? Croyez-vous que cela plaise aux hommes ? Croyez-vous que vous êtes en mesure de négliger de plaire aux hommes ? Une femme qui ne plait pas aux hommes n’est rien, rien du tout; une femme qui n’est pas aimée d’un homme est une nullité. Pensez-vous vous faire aimer en vous donnant l’air d’un gâteau, d’une fraise écrasée, d’une tache de vin rouge sur la nappe ? Croyez-vous que ce soit agréable de voir fumer au bord des cendriers des filtres cerclés de ce rouge obscène ?

Bernard-Marie Koltès, Coco, extrait

Note du metteur en scène

Comme jeune metteur en scène haïtien, la pièce Coco me donne la possibilité d’explorer trois thématiques artistiques et sociales pouvant susciter de vives émotions chez le public haïtien, ce qui l’incitera à aller à la découverte de l’univers théâtral de Koltès.

Un possible dialogue humain entre les possédants et non possédants : Haïti étant le pays le plus pauvre des Amériques, les disparités sociales existantes empêchent fort souvent les possibilités de dialogues entre les favorisés et les défavorisés. En Haïti ,ce type de dialogue n’est envisageable que dans un cadre consensuel et politico-économique donné. Or dans la représentation de Coco, ce dialogue humain est possible parce que les protagonistes (Coco et Consuelo), tout en s’appuyant sur leur statut social ne revendiquent que leur part d’humanité.

La remise en question d’une autorité moribonde : le personnage de Coco est une allégorie de cette autorité qui cesse de faire autorité à force de se reproduire par des mécanismes séculaires. L’autorité n’arrive plus à se manifester comme telle dans le sens que toute autorité doit être investie d’un pouvoir de dissuasion et d’une capacité à soumettre ceux qu’elle dirige. Cette incapacité se traduit par le fait que Coco ne peut plus ingérer les aliments. Cette situation ne laisse comme seule issue qu’une mort certaine. Consciente de son état de déchéance et voulant toujours exercer sa domination, Coco engage un dialogue humain avec Consuelo dans l’espoir que cette dernière ne fera pas table rase du passé à sa mort.

 

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