Le débat comme outil d’autonomisation pour les jeunes en Haïti

Mirta AguirreComment le débat peut-il constituer un outil d’empowerment pour les jeunes en Haïti ? C’est à cette grande question que Mirta Aguirre,  étudiante de nationalité argentine, s’attèle à trouver une réponse dans le cadre de son mémoire de Master en Education et Développement international à l’Institut de l’Education de l’UCL (University College London).

Mirta  a pris connaissance du Programme Initiative Jeunes de FOKAL en 2012. Depuis, elle s’est beaucoup intéressée aux activités de débat. Elle a elle-même œuvré à la création d’une association de débat en République Dominicaine. Selon Mirta, le débat est généralement une activité académique réalisée au sein des universités et des structures formelles. Mais ce qui a particulièrement attiré son attention est le fait que la pratique du débat en Haïti reste et demeure jusqu’ici l’apanage  de la société civile. A cet égard,  elle a tenu à faire remarquer que « quand on étend le débat au niveau de la société civile, ce qui est en jeu est plus large. Ce qui constitue un acte politique hautement significatif dans un pays qui a connu la dictature pendant de nombreuses années. »

Le choix du débat comme objet d’étude trouve sa justification dans le rapport affectif qu’entretien Mirta avec les joutes oratoires contradictoires. « Il est toujours mieux de faire de la recherche sur un sujet dont on est passionné », a-t-elle souligné. En outre, selon Mirta, les recherches consacrées aux retombées de la pratique du débat dans le monde entier sont foisonnantes. Mais elles sont pour la plupart concentrées dans le monde anglo-saxon. Il existe très peu de recherches sur les pratiques de débats dans les pays de l’Amérique latine et ceux de la Caraïbe. L’une de ses  motivations dans le cadre de son mémoire de master est donc de contribuer à combler ce vide en matière de production de savoir sur le débat dans les régions susmentionnées.

 «  Haïti est un pays de contraste, un pays unique au niveau de l’histoire, au niveau de la situation socioéconomique. C’est un pays qui m’intrigue. » C’est en ces termes que Mirta a présenté sa vision de la première république noire du monde. Lors de son passage en Haïti en 2012, elle a eu la chance de  participer au Forum Elan Haïti 2014, à Limonade dans le Nord. Elle a été surprise de voir qu’il y a autant de jeunes haïtiens créatifs et déterminés à aider leur pays en élaborant des projets innovants. Elle n’a pas hésité à exprimer son admiration pour ces jeunes qui, en dépit des difficultés de toutes sortes auxquels ils sont confrontés, ne cessent de se battre pour l’épanouissement socioéconomique de leur alma mater.

Au cours de son séjour de recherche en Haïti, Mirta a visité  plusieurs clubs dans la zone métropolitaine et dans certaines villes de province (Cayes, Jacmel, Camp-Perrin, Léogane). Pour chaque club visité, elle a réalisé des entretiens avec des groupes de six (6) débateurs. Elle a administré entre 120 et 130 questionnaires individuels aux débatteurs de l’ensemble des clubs visités. Elle a également réalisé des entretiens avec les animateurs de club. Il a été question, pour la chercheuse, de savoir ce que les gens font dans les clubs, ce qu’ils y apprennent et ce qu’ils en tirent. L’objectif principal de la recherche de Mirta est de montrer comment le débat peut être  un outil alternatif  d’empowerment. Un concept qu’elle hésite à traduire – par prudence intellectuelle - par les notions de responsabilisation ou d’autonomisation de la personne. En substance, son travail de recherche vise à faire ressortir les potentialités du débat comme « outil alternatif pour la participation civique, la responsabilisation des jeunes, un outil d’éducation alternatif », a  indiqué la chercheuse.

Mirta a quitté Haïti le lundi 6 juin 2016. Elle a mis le cap sur la République Dominicaine où elle va poursuivre avec le traitement et l’analyse des données recueillis sur le terrain pour ensuite rédiger le mémoire. Le travail final sera en Anglais et un peu volumineux. Mais Mirta fera de son mieux pour éditer une version allégée contenant l’essentiel du contenu des résultats de sa recherche. Cette version allégée sera traduite en français et disponible en format pdf.

Elle a exprimé sa profonde gratitude envers la Fondation connaissance et liberté (FOKAL) pour lui avoir fourni tout ce dont elle avait besoin pour mener à bien sa recherche. « Je n’aurais pas pu faire tout ce que j’ai fait sans l’aide de FOKAL », a t- elle déclaré. Mirta fera tout pour rester en contact avec le Programme Initiative Jeunes. D’ailleurs,  elle souhaite vivement retourner en Haïti pour participer au camp d’été du PIJ de l’année prochaine.

Photo: Mirta Aguire avec le responsable du Programme Initiative Jeunes de FOKAL, Jean Gérard Anis. 

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