Penser le monde, penser soi-même : coup d’œil sur les ateliers de réflexions du CCKD

IMG 2492S’il y a un reproche que l’on adresse fréquemment au système éducatif haïtien, c’est qu’il ne permet pas à l’écolier de développer une pensée réflexive qui lui permettrait d’appréhender son propre vécu, d’appréhender le monde dans lequel il évolue. Cette carence conduit à la production de citoyens incapables de poser concrètement les problèmes qu’ils confrontent, de les analyser et d’en dégager les solutions appropriées.

C’est sur la base de ces considérations que le Centre Culturel Katherine Dunham a mis sur pied un espace de réflexion où deux fois par mois, soit le deuxième et le dernier samedi du mois, les membres du CCKD se réunissent pour discuter autour d’une thématique spécifique, préalablement  choisie par les participants.  Ainsi, pour les mois d’avril et mai écoulés, les personnes présentes ont discuté sur la question des Droits de l’homme, le processus de socialisation, les rapports de genre, la violence et ses conséquences.

A travers ces thématiques de prime abord assez vastes, il s’est agi pour les participants de partager leurs connaissances sur ces questions, de comprendre, d’analyser et de critiquer l’opinion des autres, de faire le lien avec leur propre réalité. En ce qui a trait à ce dernier point, il a été intéressant de constater comment la socialisation de ces jeunes a façonné leurs opinions sur certains sujets. Par exemple, lors des réflexions sur les rapports de genre, il a été difficile pour beaucoup d’entre eux d’admettre qu’une grande partie de leur manière d’être et d’agir relevait plus de l’ordre du social que du naturel. Il a fallu prendre du temps pour expliquer que la femme n’est pas intrinsèquement faible ; qu’elle n’est pas plus sensible, émotive, bavarde que les hommes ; bref, qu’« aucun destin biologique, psychique, économique, ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine », comme l’a si bien dit Simone de Beauvoir.

Ces ateliers ont permis de mettre à jour des préjugés regrettables qui gouvernent le comportement de certains jeunes. Ainsi, lors de l’atelier sur la violence, il a été surprenant d’entendre un participant rejeter la faute des viols sur les femmes qui sont habillées de manière suggestives. Même si les autres personnes présentes ont rejeté cette affirmation, arguant que l’une des différences entre l’homme et la bête c’est justement cette capacité de l’homme à dominer ses pulsions, il faut surtout voir dans ces propos une idée reçue et partagée par beaucoup de gens qui justifient par là les agressions subies par les femmes violées.

En conclusion de l’atelier sur la violence, l’accent a été porté sur la nécessité d’en parler, de ne pas rester dans le silence. C’est ce que croit le CCKD. Que les jeunes ont besoin d’espace pour parler. Discuter. Confronter leur a priori. Découvrir de nouvelles formes de penser et d’agir. Bref, de former leur esprit critique.

 

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