Proposition de lecture du CCKD : Quand des ossements racontent le génocide des Tutsis au Rwanda

BoubacarEn 1998, un groupe d’écrivains pose leur valise à Kigali pour un projet de résidence d’auteur autour du thème « Rwanda : écrire par devoir de mémoire ». Il s’agit d’immortaliser le génocide qu’a connu le pays trois ans plus tôt à travers une série d’œuvres romanesques. C’est au cours de ce projet que le romancier sénégalais Boubacar Boris Diop a accouché les 192 pages du roman « Murambi, le livre des ossements ».

Le style éclaté du texte lui donne l’allure d’un recueil de nouvelles. En effet, c’est un ensemble de récits distincts racontés par des personnages ayant vécu ou participé directement au drame qui s’est produit. Hutu, Tutsi, bourreaux et victimes racontent leurs destins ; des destins singuliers qui se rejoignent, se heurtent, s’entremêlent et se confrontent. C’est donc par la rencontre de ces multiples destins factuels que ce récit peut se vanter d’être un roman. D’ailleurs, l’auteur l’a bien précisé dans la postface de l’œuvre : « Murambi, le livre des ossements reste un roman dans la mesure où s’y perçoit le tumulte d’une histoire tragique et, à travers diverses trajectoires individuelles, la subjectivité d’un auteur ».

Le personnage principal de ce roman se nomme Cornélius. Sa famille est une combinaison des deux groupes ethniques et rivaux du Rwanda : son père est Hutu et sa mère Tutsi. Il était en exil au cours des événements. De retour au pays, il est en quête de réponses, il cherche des explications possibles à toute cette haine… Pourtant, tout le monde lui parait étrange, même ses amis d’enfance. Au début, il croyait que les longues années d’exil qu’il avait passées hors du pays en étaient la cause. Mais, tout lui parait plus lucide lorsqu’on lui a appris le rôle de son père dans le drame de l’école polytechnique, sa férocité, sa participation dans le massacre des Tutsis.

En effet, ce dernier avait réuni milliers de familles, leur promettant asile et sécurité. Mais à un moment donné, il les a tous fait massacrer. Pour Cornélius, ce qui était beaucoup plus bouleversant dans ce drame, c’est que parmi les victimes il y avait sa mère, son frère et sa sœur. Hanté par ce drame, il va sur les lieux du crime, croiser le regard des ossements, écouter ce qu’ils peuvent lui dire pour pouvoir faire son deuil.

Considéré comme un " miracle " par Toni Morrison, ce roman ne se contente pas de nous éclairer sur le génocide rwandais, il met aussi en exergue la complicité des puissances étrangères (la France en particulier), le rôle psychologique de la religion et surtout la passivité de la presse.

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