Une moisson de juges pour le programme de débat de FOKAL

Juges CayesL’année 2018 est une année charnière pour le programme de débat de FOKAL. Un effort d’investissement en ressources humaines et matérielles a été réalisé pour consolider les acquis du Programme Initiative Jeunes (renouvellement du staff des animateurs-trices, une feuille de route optimisée, un routeur Wifi à chaque club), pour amplifier le mouvement du débat (introduction d’un nouveau format de débat, élargissement du débat à des écoles secondaires, support aux tournois interscolaires) et augmenter les capacités d’autonomie des clubs de débat du réseau.

Une formation itinérante au pas de charge

Pour ce dernier objectif, une campagne de formation pour de nouveaux et anciens juges de débat a été entreprise pendant 4 mois, de mars à juin 2018, dans les communautés d’implantation des clubs de notre réseau, soit 7 sessions au total. Chaque séance de formation a duré 7 heures d’affilée, animée par le coordonnateur du PIJ, parfois dans des conditions éprouvantes (canicule aux Cayes et à Christ-Roi, pluies torrentielles à Jacmel, concurrence de la Coupe du monde de football à Jérémie, ratés du courant électrique au Cap, gros retards subis à cause d’embouteillages à Martissant).

L’objectif de cette formation itinérante a été de disposer des juges bénévoles, homologués par FOKAL, capables et ayant l’autorisation d’arbitrer dans des matches officiels organisés par le PIJ (tournois régionaux et nationaux) ou par les clubs de débat (tournois locaux et tournois interscolaires). La multiplication des tournois locaux et interscolaires, le renouvellement de plusieurs anciens juges devenus indisponibles justifient également cette initiative.

Néanmoins, elle était limitée à une trentaine de personnes maximum par séance, par souci de pédagogie. Encourager la mixité de genre a été aussi une exigence de choix des participants à la formation. La majorité des participants sont des étudiants. Puis viennent des enseignants, enfin des personnes de profession libérale (gestionnaires, informaticiens, bibliothécaires…).       

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Plus de 130 personnes dans le pays ont pris part à ces sessions de formation (en moyenne une vingtaine par séance), dont 40% de femmes. Repas, rafraichissements et matériels ont été fournis aux participants-es de chaque session. Tout cela s’est déroulé dans une atmosphère studieuse, marquée par une forte motivation des participant-es (Jacmel et les Cayes ont la palme de l’honneur pour avoir bravé les mauvaises conditions du temps pour assister à la formation), et par un bon travail de sélection des candidat-es par les animateurs-trices des clubs.

La formation itinérante pour juges de débat était ouverte librement aux personnes des 2 sexes, avec le profil suivant et annoncé via notre page FB  :      
- A déjà terminé ses études secondaires

- Est disponible pour participer complètement à la formation au jour dit
- Est capable de suivre la formation
- Est réellement intéressé(e) à suivre la formation 
- S’engage à se mettre à la disposition du programme quand il/elle sera sollicitée comme juge.

Une bonne cohorte donc de juges au service des jeunes et des clubs du programme ! C’est un résultat extraordinaire qui montre l’intérêt des gens envers le débat, la vitalité du programme, et l’envie de faire partie de ce beau projet éducatif de la fondation.

Tout y est !

La formation a porté sur les qualités, le travail du juge et ses responsabilités. Cependant, un rappel du format de débat Karl Popper (DKP) a été nécessaire pour leur indiquer les paramètres à prendre en compte dans l’évaluation des discours des débatteurs. Le nouveau système de notation des débatteurs dans le DKP, élaboré en novembre 2017 avec la direction de la fondation, plus technique, plus précis, leur a été aussi enseigné.

Le clou de la formation a été la présentation du World School Debating Championship (WSDC), très attendu par les participants. Depuis le temps qu’ils en entendent parler, ils avaient vraiment hâte de le découvrir. Mais que ce soit ce format ou le DKP, les qualités et les responsabilités du juge sont les mêmes. Mais le WSDC est peut-être plus facile à juger pour les juges expérimentés, certainement pas pour les nouveaux.

Pour les formations, les échanges interactifs ont été préférés à un enseignement magistral (réduit au minimum et essentiellement fait par Powerpoint) pour éliminer sans tarder toutes les zones d’ombre, et impliquer tout le monde dans le cours. Un tutoriel vidéo, réalisé par l’équipe de FOKAL en 2007, a été utilisé pour présenter le travail et les responsabilités du juge.

Un kit d’une vingtaine de documents didactiques a été fourni en support à chacun sur les techniques de débat dans les 2 formats, DKP et WSDC. Des exercices en groupes sur l’argumentation ont été entrepris avec eux pour qu’ils puissent comprendre le processus d’élaboration d’un bon argument et d’une bonne réfutation.

« Le meilleur moyen de comprendre, c’est de faire »

A la fin de chaque séance, une évaluation des connaissances a été effectuée pour vérifier l’essentiel de ce qui a été directement appris ou important à retenir sur le travail du juge pendant et après un match, (la notation des débatteurs, la décision, la délibération après match). Ceci a permis de constater que les participant-es ont bien maitrisé l’essentiel des contenus appris. Une seconde évaluation de la formation proprement dite a été menée pour recueillir leur appréciation de la méthodologie adoptée, le contenu du cours, les matériels utilisés, la durée, et leur degré de satisfaction.

Globalement, tout le monde a été grandement satisfait. Parmi les reproches, nous retenons la longueur interminable de la journée, le flot d’informations à absorber en une seule session, le fait de n’avoir pas pu arbitrer tout de suite un match de débat. Et ils ont raison, car comme l’a dit le philosophe allemand, Emanuel Kant : « Le meilleur moyen de comprendre, c’est de faire ».

Communiquer, échanger, partager…

Un groupe WhatsApp des juges, dénommé « Juges/PIJ », a été créé à l’initiative de 2 juges (ils en sont aussi les administrateurs) pour fédérer leur proximité avec le programme, pour partager leurs expériences et leurs connaissances, répondre au besoin de clarification des uns et des autres sur le travail du juge, ou pour simplement garder contact entre eux. Le groupe est très bien animé jusqu’à présent. Des règles éthiques ont été élaborées et acceptées par tous pour favoriser la communication entre eux et parer aux dérives des messages inappropriés partagés.

Ce groupe constitue également pour le coordonnateur est un très bon outil de communication pour informer les juges, inscrits dans ce groupe WhatsApp (ils le sont sur une base volontaire par email au coordonnateur qui informe les 2 administrateurs) des activités de tournois, leur communiquer les besoins de juges des clubs, et pour partager avec eux de nouvelles ressources du programme (documents, articles, calendrier…), répondre à leurs questions.

Ils sont désormais intégrés à la base de données du PIJ (projet lancé et réalisé cette année par FOKAL) qui agit comme un outil de recherche d’information sur les ressources du programme, de gestion et d’évaluation des clubs, et de mémoire des différents acteurs et bénéficiaires et d’archivage des événements dans le programme de débat.

Bref, tous ces outils de communication et de gestion ont pour but de raffermir les liens de collaboration et de solidarité entre eux et le PIJ.

Prouver dans l’épreuve

Nous espérons que les bénéficiaires de cette formation feront la preuve de leur engagement dans le programme en répondant à l’appel des animateurs-trices des clubs de débat qui organisent des tournois de débat.

Par ailleurs, la conséquence de cette formation de juges, plus attendue qu’espérée, est que cessent les suspicions et les critiques des débatteurs sur les juges-animateurs, coupables selon eux de favoritisme ou de partialité. Les collaborateurs-trices extérieur-es sont davantage susceptibles d’être considérés comme des juges neutres.

Enfin, le programme et les clubs disposent désormais d’un réservoir de juges formés et qualifiés pour arbitrer dans les tournois de débat. L’expérience a été bonne et salutaire lors des tournois régionaux d’avril et de mai 2018, ce qui augure bien des lendemains meilleurs.

Perspectives 

Le PIJ envisage d’augmenter en importance les tournois régionaux, qui deviendront des mini-camps de 2 à 3 jours, avec davantage de juges extérieurs (c-à-d non animateurs). A terme, ces derniers pourraient devenir des animateurs ou bien des formateurs de juges potentiels.

La formation n’est pas achevée totalement pour autant. Ces juges continueront de recevoir des mises à jour sur leurs connaissances du débat, des formats, d’autres ressources documentaires utiles au moment opportun, et seront constamment réévalués à chaque expérience qu’ils auront à faire dans le programme.

Toutefois, il est primordial que tous ces juges fassent l’expérience d’arbitrer dans un tournoi de débat afin de mettre à l’épreuve leurs nouvelles compétences. Ainsi, nous recommandons les animateurs-trices des 14 clubs de notre réseau d’organiser des compétitions de débat afin de mobiliser toutes ces ressources prêtes et disposées à les aider. Certains nous l’ont déjà montré. Les autres attendent certainement leur tour.

Jean Gérard Anis

Coordonnateur du PIJ

Septembre 2018

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