LECTURE - SPECTACLE : CHYEN KREYÒL

Texte et mise en espace de Anyès Noël

Mercredi 20 juillet – 6 h pm – salle FOKAL UNESCO

Chyen Kreyol

Chien créole

Terme employé dans certain pays de la Caraïbe ; désignant l’animal, sans race, du moins aucune race précise, souvent mal aimé, abandonné et errant il appartient pourtant au patrimoine.

Pour ma part j’aime l’idée de métaphoriser l’expression pour caractériser l’homme volage.

Il est commun dans nos sociétés caribéennes que l’emploi du mot chien à l’égard d’un humain est l’expression d’un grand mépris.

Il était aussi employé à l’égard des nègres esclaves ; arrachés à leur origine, déshumanisés, ils deviennent errants. Récupérer l’expression méprisante en le faisant suivre de « créole » c’est une manière pour moi de lui donner une dimension marronne, de révolte.

Choisir ce titre c’est aussi faire résonner la thématique de l’errance, dans la violence de la solitude traversée par la femme face à l’absence des hommes.

Lorsque l’homme se fait chien la femme ne se veut elle pas chienne ? Comme la louve blessée traînant derrière elle toute une histoire d’Hommes, déportés, violés, assimilés qui tentent de renaître et par la même occasion d’ancrer dans leur rouage une société qui leur ressemble.

Chyen Kréyol comme un éloge à la créolité ; car c’est en soulevant les points faibles de notre condition et en questionnant que nous grandirons. Ensemble.

Suite à une résidence de recherche et d’écriture débutée en août 2015 - Chyen Kreyòl Project - ou à travers des ateliers de théâtre, j’ai interrogé une cinquantaine de femmes d’horizons divers, entre 18 et 50 ans, que nous avons pu atteindre en passant par des organisations féministes, mais aussi à travers des associations qui s’engagent en faveur des travailleuses du sexe, des questions de genre et d’orientation sexuelle en province comme à Port-au-Prince.

Dans le but de recueillir leur parole et ainsi enrichir l’écriture d’un chœur théâtral qui symbolise ou personnifie les sentiments et les ressentiments des femmes.

Traversant le temps comme le personnage principal de la pièce - Houna - ces femmes ont à la fois exprimé leurs joies et leur frustration, leur peur et leur rêve. Malgré une résistance face à ce titre qui dérange et questionne, elles s’y sont retrouvées et exprimées par le biais du théâtre, mais aussi sous forme de groupe de parole. Comme ces femmes héroïnes de l’œuvre de Yanick Lahens, Bain de lune : « ... Quand les femmes, visages et pieds propres, se réunirent toutes (...) cette parole arrachée à l’épaisseur des jours. Le temps à passé à se parler ainsi, c’est de l’eau qui lave l’âme.»

Hon, personnage du soliloque, joue avec la mort. Elle utilise alors une langue que j’ai voulu très poétisée afin de marquer une différence entre son état psychologique, qui frôle la folie, et l’état psychologique de son aïeule Ouna. Hon, phonétiquement « ouna » signifie « elle » en suédois. Ce nom n’a rien d’hasardeux puisqu’il me vient de la symbolique de la sculpture monumentale réalisée d’après la maquette de Niki de Saint-Phalle. Cette gigantesque Nana couchée sur le dos, jambes écartées, genoux relevés, offrant son vagin comme entrée au public, elle a une toute petite tête, de gros seins et le ventre rond d'une femme enceinte.

Ce personnage dont on ne sait rien d’autre que sa position et son état, porte un mystère. A la fois connu d’elle même et inconscient, tout comme sa quête qui reste confuse et déraisonnée. C’est cette autre femme qui va y répondre et la guider vers un nouveau souffle ; de mort ou de vie ? Le choix d’écrire un chœur en me servant des ateliers de théâtre permettait entres autres de faire parler l’expression du corps et de s’en servir lors de la création. Un chœur en corps et en verbe sera ainsi présenté au public de la Fokal lors de la lecture spectacle du 20 juillet 2016, d’une durée de 30 minutes.

AnyesAnyès Noël est une metteure en scène et comédienne d’origine guadeloupéenne. Diplômée du Cours Florent, elle pratique le chant, la danse classique et le modern jazz pendant dix ans. Passionnée d’art et de culture elle obtient une Licence en Médiation Culturelle et Communication à l’université de Nice et suit également un Master en Études Théâtrales à Paris 3 Sorbonne Nouvelle. Parallèlement elle parfait son expérience scénique en participant à différents stages, notamment de marionnette portée avec Christophe Lorcat, de biomécanique avec Ursula Mikos et des stages animés par le metteur en scène cubain Eugénio Espinoza, le comédien guadeloupéen Gilbert Laumord, la compagnie du Théâtre de Talipot de la Réunion, les ateliers du Théâtre National de Nice, etc. En 2009, elle interprète un rôle majeur dans Trottoir Chagrin du metteur en scène guadeloupéen Luc Saint Eloy.  Elle obtient par deux fois le prix de la meilleure comédienne au FITHEB de Casablanca et au Festival « Theater without fund » à Alexandrie dans la mise en scène de Sirine Achkar de l’adaptation à une voix du roman éponyme de Caya Makhélé, Ces jours qui dansent avec la nuit. Anyès Noël  est également membre du Collectif d’auteurs et de comédiens «Entre Nous c’est Juste Textuel». Elle enseigne le théâtre aux enfants et aux adolescents en milieu scolaire.

Suite au tournage du premier long métrage de François Marthouret Port-au-Prince Dimanche 4 Janvier, une adaptation du roman Bicentenaire de Lyonel Trouillot, elle entreprend un travail de résidence d’écriture en Haïti : elle a présenté un extrait de ses travaux à la 12ème édition du Festival Quatre Chemins.

L’équipe artistique

comédiens chyen kreyol

Any Azor étudie le management à l’Université Quisqueya à Port-au-Prince. A 24 ans, elle est engagée aux relations publiques dans l’organisation à but non lucratif, Facsdis, Femmes en Action contre la stigmatisation et la discrimination sexuelle. Elle a participé aux ateliers de Chyen Kréyol Project.

Kettia Jean Philippe est membre leader de la fondation TOYA depuis 5 ans. Elle a participé aux ateliers Chyen Kréyol parce qu’elle s’intéresse à l’art et particulièrement au cinéma. Sa sensibilité et son enthousiasme ont poussé la metteure en scène à la choisir pour présenter l’extrait de la lecture spectacle.

Magdalena Eugène est passionnée des arts visuels. En 2002, elle suit un séminaire sur le théâtre à l'atelier Toto B. Elle jouera ensuite le premier rôle féminin "Lady Macbeth " et celui de la seconde sorcière dans la mise en scène de Dieuvela Étienne de "Macbeth " selon William Shakespeare. Ces deux premiers rôles aiguisent encore plus son amour de la scène et depuis les rôles se sont enchaînés.
Elle est également membre fondatrice de l’organisation Asd’art.

Joseph Dérilon est comédien diplômé en art dramatique à l'Enarts. Parallèlement il fait des études en génie civil à la Faculté des Science Appliquée de Port au Prince. Il participe à différents ateliers en scénographie avec Christophe MANQUERONT et une initiation à l'art de conter avec Valère EGOUY. Également membre fondateur de la Konpayi Teyat LOBO, il participe au festival Kont Anba Tonèl et au Festival Quatre Chemins dans une création de Sylvie Laurent intitulée Contre tout attente.

Staloff Tropfort, dit Estalove Wòklò, est comédien, conteur, reporter Culturel et membre fondateur de la Konpayi teyat LOBO. En 2008 il commence par fréquenter les locaux de la comédie sans frontière d’Haïti (COSAFH). C’est en 2010 qu’il fait ses débuts sur les planches en jouant dans «Sèmonnetwal»,  un dialogue de Lyonel Trouillot mise en scène par Pyrame St Phard. L’année suivante (2011) il réussit le concours d’admission de l’Ecole Nationale des Arts (ENARTS), section théâtre, dont il est aujourd’hui diplômé.

Entrée sur invitation à retirer à partir du vendredi 15 juillet

Adresse et contact

FOKAL - OPEN SOCIETY FOUNDATION HAITI
143, Avenue Christophe BP 2720 HT 6112
Port-au-Prince,Haïti | Tel : (509) 2813-1694

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