Inventaire des amphibiens et reptiles du parc de Martissant

En vue d’enrichir les connaissances sur la diversité aviaire qu’abrite le parc de Martissant tant sur le plan quantitatif que qualitatif, une recherche a été réalisée dans le parc pendant huit mois d’avril à novembre 2014 par  Jean Mary Exantus, un étudiant finissant en agronomie à l’Université Episcopale d’Haïti. La recherche a été subdivisée en deux grandes périodes : la période de reproduction des espèces endémiques et sédentaires (avril-août 2014) ; et celle de la transhumance des espèces migratrices (septembre à novembre 2014).

En mars dernier, Jean Mary Exantus a publié un premier article de vulgarisation tiré de son  travail de recherche scientifique sur le parc de Martissant. Il s’agissait d’un inventaire des différentes espèces d’oiseaux sauvages dans le parc  (http://bit.ly/1GnVIbD ). Cette semaine, nous vous présentons son article sur l’herpétofaune (amphibiens et reptiles) du parc. 

A l’échelle mondiale, les espaces verts en milieu urbain ont longtemps été perçus comme des espaces réservés à des fins spécifiquement récréatives. Depuis la prise de  conscience sur le développement durable lors la Convention de Rio au sommet de la terre, adoptée en 1992, la notion de biodiversité en ville est reconnue dans certaines politiques de protection et de gestion des espaces verts. Haïti fait partie des « hotspot » (Point chaud)  de la biodiversité mondiale. Sa richesse du point de vue de la biodiversité est liée à sa position géographique, son histoire géologique et la diversité de ses microclimats. La diversité  haïtienne se manifeste à travers les espèces et leurs habitats qui sont aussi divers que variables. Les reptiles et les amphibiens sontpartie prenante de cette diversité. Cependant les données exactes sur la biodiversité n’existent pas faute d’activités régulières de suivi et de recherche. 

La méthode de travail 

Un inventaire a été réalisé sur les reptiles et amphibiens du parc pourdonner un nouveau regard sur les relations homme-nature dans lesquelles l’herpétofaune prend une place prépondérante et pour  conserver la biodiversité des milieux urbains à travers de nouveaux principes de gestion et de conservation. 

Pour recenser l’herpétofaune, la méthode appelée « fouille active » a été appliquée afin de faciliter la capture des espèces et de prendre leurs photos. En outre, la vocalisation des espèces qui sont difficiles à trouver a été enregistrée avec un magnétophone pour collecter toutes les données acoustiques.

L’herpétofaune du parc de Martissant compte au total six espèces d’animaux avec cinq espèces de reptiles et une seule espèce d’amphibien. L’immense majorité de ces espèces est endémique  à l’île d’Haïti. Le genre « anolis » est dominant avec 60% des espèces. Le crapaud (Osteopilus dominicensis) est l’unique espèce d’amphibien observé dans le parc durant notre recherche. Malgré un milieu favorable pour la couleuvre aucune espèce n’a été observée avec certitude pendant l’étude. Mais, s’il faut en croire les visiteurs du parc, les riverains et les gardes champêtres le parc abrite au moins une espèce de couleuvre.

Tableau : l’amphibien et les espèces de reptiles répertoriées dans le parc (avril à novembre 2014).

 

*UICN : Union internationale pour la conservation de la nature

L’espèce (Osteopilus dominicensis) a  été entendue dans les broméliacées (plantes) du  mémorial et dans l’espace du centre culturel Katherine Dunham où des têtards de cette espèce ont été  observés  ainsi que dans les mares d’eau de l’ancienne habitation Leclerc.

Fig. 1:Osteopilus dominicensis 

Le Trachemys decorata se caractérise par la carapace qui le protège des prédateurs. Cette espèce de tortue se trouve au mémorial depuis le séisme du 12 janvier 2010. Mais, cette espèce était déjà présente depuis  plus de 25 années dans l’ancienne résidence  privée de Katherine Dunham faisant partie du parc.

Fig. 2: Trachemys decorata

Les « anolis » sont des reptiles chez lesquels on trouve beaucoup de caractéristiques communes sur le point morphologique. Ils se nourrissent de diverses proies, notamment des plus petites comme certains insectes. Les trois espèces d’anolis inventoriées se trouvent partout dans le parc de Martissant. En Haïti, à l’exception de quelques espèces comme l’Anolis coelestinus appelé couramment « zandolit vèt » en fonction de sa couleur etAnolis cybotes appelé « zandolit bannan », on ne dispose pas encore de nom vernaculaire commun créole pour la majorité des  espèces d’anolis. L’Anolis distichus en est un exemple. 

           

  Fig. 3: Anolis cybotes                  Fig. 4: Anolis destichus           Fig. 5: Anolis coelestinus                                                              

Ameiva chrysoloema cette espèce se rencontre uniquement sur l’ile d’Haïti. Elle est abondante dans le parc de Martissant.

 Fig. 6: Ameiva chrysoloema

La biodiversité n'est devenue un objectif inévitable que depuis la prise de conscience sur les problèmes environnementaux. En effet, le parc de Martissant situé en milieu urbain comporte une biodiversité non négligeable qui contribue à la biodiversité à des échelles régionales ou globales avec cinq espèces endémiques au niveau de l’herpétofaune. A cet effet,  des mesures très pragmatiques devraient motiver la gestion et la protection de la biodiversité du parc de Martissant. Par exemple,  contrôler les espèces exotiques et les prédateurs (rats, souris, chats et chiens) et leur impact sur l’herpétofaune ; porter une attention spéciale sur le Trachemys decorata, espèce endémique classée « vulnérable » et l’Anolis cybotes espèce endémique classée  « quasi-menacée » et  mener une étude approfondie pour répertorier les couleuvres présentes dans l’espace.

Jean Mary Exantus

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L’auteur, Jean Mary Exantus n’aurait pu réaliser ce travail sans le concours inconditionnel des responsables de l’Université Episcopale d’Haïti (UNEPH), les responsables de  la Fondation connaissance et liberté (FOKAL) pour leurs différents appui et collaboration ; et l’équipe de la Société Audubon Haïti (SAH) pour leur assistance technique et logistique.

N.B. : Les photos illustrant cet article ont étés prises dans le parc de Martissant (avril à novembre 2014). Cet article est un article de vulgarisation tiré d’un travail de recherche scientifique effectué par l’auteur. 

 

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