MARDI.doc : Projection de « 32 ans après »

affiche film 32 ans après copieLe mardi 27 avril 2021 à 10h am, le cycle de films documentaires MARDI.doc vous propose de regarder le film « 32 ans après » de Réginald Louissaint Junior, d’après le projet de théâtre forum de Pinas Alcéra et Jean Samuel André.

Nous sommes en 2018. Réginald Louissaint Junior suit la tournée en Haïti de la pièce « 32 ans après » qui aborde les réalités de la dictature des Duvalier en Haïti, 32 ans après la fin du régime, alors que la mémoire de cette période est trouble, absente, mensongère, ambivalente. Ayant choisi la forme du théâtre forum qui ouvre au débat, l’équipe joue dans les écoles et fait réagir les jeunes de Jacmel, Port-au-Prince, Les Gonaïves, Jérémie sur les points soulevés d’une histoire et d’un héritage méconnus et instrumentalisés jusqu’à aujourd’hui.

Produit par FOKAL, le film sera projeté sur Facebook en amont de la discussion qui réunira Réginald Louissaint Junior, Pinas Alcera, Ketsia Vainadine Alphonse et Michèle D. Pierre-Louis le mardi 27 avril à 10h am. Il sera également disponible sur la page des MARDI.doc sur la plateforme Eventive ainsi que sur la chaîne youtube de FOKAL.

2018 : 32 ans après la fin de la dictature duvaliériste…

Pinas Alcéra, auteur, metteur en scène, chanteur et Jasmuel Andri, auteur, intéressés à travailler sur la mémoire de la dictature duvaliériste, décident de faire une tournée de théâtre forum sur ce thème. Pinas réunit une troupe de 2 comédiens et 2 comédiennes. Le projet débute en septembre : pour l’équipe qui s’investit dans ce projet, il est important de transmettre à la fois l’expérience et la connaissance de la période Duvalier et de la relier aux problèmes d’aujourd’hui. Car l’ignorance du sujet, - l’histoire récente d’Haïti et la période duvaliériste étant très peu enseignée dans les écoles -, fait qu'il est difficile pour la population haïtienne, constituée majoritairement de jeunes, de savoir comment analyser et comprendre la situation sociale et politique actuelle du pays. Il s’agit donc de tenter de sortir du silence sur le régime des Duvalier et de lever les tabous sur cette période en utilisant comme vecteur le théâtre. Car l’histoire aide à comprendre le présent et permet de mieux préparer l’avenir, dit Pinas Alcéra.

Le principe du théâtre forum est simple : des saynètes, écrites et mises en scène par Pinas Alcéra et Jean Samuel André, sont interprétées par les artistes. Chacune d’elles s’inspire d’événements réels survenus sous la dictature et met l’accent sur des thématiques significatives de cette période : le pouvoir absolu et la terreur, l’écrasement de l’opposition et l’écrasement du corps, la hiérarchie de la justice, le blâme de la victime, la délation, la violence, l’absence de libertés. Ces saynètes permettent donc de planter le décor et de poser les bases d’une discussion. En effet, il s’agit un théâtre essentiellement participatif qui propose des récits centrés sur des expériences personnelles et collectives, et qui ouvre aux participants des moments de réflexions et d’échanges pendant la représentation. Sa pédagogie, essentiellement axée sur le dialogue, requiert la participation active de ces derniers et donne l’occasion d’ouvrir un débat sur des sujets difficiles qui préoccupent la collectivité. La discussion interroge, confronte, éveille, et cherche à installer une dynamique de réflexion individuelle et collective.

L’équipe commence un périple qui l’emmène aux Gonaïves, à Jérémie, à Jacmel, Port-au-Prince… Dans chaque ville, la petite troupe pose ses tréteaux dans les écoles, les universités, les bibliothèques et les Alliances Françaises. Elle propose deux représentations par jour dans des lieux différents. Les séances accueillent entre 50 et 60 personnes et durent environ 1 h 30.

En quelques minutes, les interprètes font revivre aux public la peur qui régnait au temps de la dictature : peur de commenter l’actualité politique, peur de s’exprimer librement. Des débats animés rythment les représentations. Après chaque scénette, des écoliers, des universitaires et d’autres participants prennent la parole. Certains, plus âgés, évoquent des expériences douloureuses vécues sous la dictature. Les plus jeunes parlent de ce qu’ils ont appris. Ils ont maintenant une compréhension plus claire de la nature des régimes totalitaires, de la période Duvaliériste, et même de certaines expressions utilisées encore de nos jours dans la vie courante sans qu’on connaisse leur vraie signification : Kamoken, Kòmandan etc. Ces discussions aident aussi à mieux comprendre les relations économiques et politiques entre la bourgeoisie haïtienne et les gouvernements de l’époque et apportent aussi un éclairage sur ceux d’aujourd’hui… Car une dictature de 30 ans laisse forcément des traces…

Parler aide à se soulager des maux, dit un jeune écolier intervenant à l'une des petites discussions qui succèdent à chaque présentation. A travers ce projet, nous avons, dit Pinas Alcéra, atteint notre objectif qui était de briser le silence. Ce travail ne fait que commencer, car la génération actuelle a soif de vérité. Elle veut continuer à se documenter sur cette période à travers d’autre médium : livres, films, etc. pour continuer le débat autour du régime Duvaliériste.

Jour après jour, pendant toute la tournée, Réginald Louissaint Junior suit de ville en ville l’équipe de « 32 ans après » : Il écoute, il tourne, il apprend aussi… C’est ainsi que ce qui n’était qu’un simple projet de restitution devient, au fil des jours, un documentaire sur cette tournée.

Réaliser « 32 ans après », c’est ma façon de participer à cette lutte pour éclairer cette période obscure dans histoire de notre pays. Quand on m’a contacté pour travailler sur cette tournée, la première chose qui m’a intéressé, c’est la possibilité d’apprendre plus sur cette période tant ignorée, et même occultée dans le cursus académique. Je n’ai commencé à étudier cette période que lorsque je suis arrivé à l’université. J’ai lu quelques livres sur la dictature, j’ai aussi participé à un projet photographique sur le massacre de Kazal, mais je voulais en savoir plus et ce projet de théâtre forum a aiguisé mon envie de continuer à travailler, que ce soit en photo ou en vidéo, sur la dictature. Au départ il s’agissait seulement de filmer les saynètes, mais au fur et à mesure, le tournage a pris une autre dimension et a donné naissance à ce film. Pour moi, ce n’est pas la fin de cette expérience : parce depuis lors, j’ai beaucoup appris sur la réalisation de films documentaires et lorsque je revois les images que j’ai tournées, j’ai envie d’aller plus loin, tout particulièrement du point de vue de la forme.

« 32 ans après », un film de Réginald Louissaint Junior

Documentaire, 30 min, créole, VOSTF, 2019, Haïti

D’après la tournée de Théâtre Forum de Pinas Alcéra et Jasmuel Andri

Mise en scène de Pinas Alcéra. Interprétation : Ketsia Vainadine Alphonse, Pascal Joseph, Madeline Pierre, Rolaphton Mercure.

Avec le soutien de Avocats sans Frontières Canada – ASFC et de Affaire Mondiales Canada.

En partenariat avec FOKAL.

 

Adresse et contact

FOKAL - OPEN SOCIETY FOUNDATION HAITI
143, Avenue Christophe BP 2720 HT 6112
Port-au-Prince,Haïti | Tel : (509) 2813-1694

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